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Ce soir, la France affronte l'Allemagne en match amical. En match amical ? Officiellement, oui, mais si on écoute les acteurs du match, cela ne semble pas être le cas. Ainsi, en conférence de presse, Franck Ribéry a déclaré : « En équipe de France, il n'y a pas de matches amicaux ». Même son de cloche chez Didier Deschamps : « C'est une belle affiche, avec de l'adversité, un stade plein. Ce sont des conditions de compétition, encore une fois dans l'optique des matches de fin mars ».

Le match amical, un match de préparation

Didier Deschamps a également ajouté cette phrase plus qu'intéressante : « On devrait pouvoir faire des essais dans ce genre de match, mais en tenant compte qu'un match amical gagné ou perdu a des effets sur le classement FIFA. En étant battu par le Japon, en octobre, on a perdu cinq places ! ». Ce n'est pas la première fois que je vois un sélectionneur tenir ce discours. En août 2011, lorsque Laurent Blanc avait dévoilé sa liste de joueurs pour le match France-Chili, il avait déclaré : « On n'est pas là pour faire tout le temps des essais ». Selon lui, le match amical contre le Chili devait servir de de répétition générale aux matches éliminatoires de septembre 2011 contre l'Albanie et la Roumanie.

A la base, un match amical sert à faire des essais, à tester des joueurs et donc préparer une future rencontre officielle. Le hic, comme l'a dit Didier Deschamps, c'est que depuis plusieurs années, s'incliner en amical en faisant des essais, fait perdre des places au classement FIFA. Du coup, la France se retrouve derrière l'Equateur... A ce sujet, lire l'excellent article du non moins excellent blog, A World of Football : « L'imparfait système de classement de la FIFA et son alternative ».

Du coup, difficile de voir une arrivée massive de nouvelles têtes ainsi qu'une expérimentation tactique. Alors, comment faire pour tester des joueurs sans flinguer son indice FIFA ? Réponse : l'équipe de France B. Cette équipe de France B, c'est ce que les blaireaux appellent l'équipe de France A' de peur de froisser les joueurs qui s'y trouvent.

Histoire de l'équipe de France B

L'équipe de France B a vu le jour, sous cette appellation, en 1922 et répondait à une logique toute bête : avoir une équipe réserve pour notre sélection afin de voir à l'œuvre des joueurs qu'on n'oserait pas lancer dans le grand bain des A. Le but du jeu était également de se tester contre les équipes des autres B et de voir qui avait le meilleur réservoir.

En réalité, cette équipe de France B avait vu le jour à l'occasion des JO de Londres en 1908 (un temps que les moins de 120 ans ne peuvent pas connaître). A l'époque, avec un drôle de règlement, la France présenta deux équipes pour le tournoi de football de ces JO. Avouons que l'idée est géniale car ça fait deux fois plus de chances de gagner mais aussi de... perdre. Le bourreau se nomme Danemark : 9-0 pour les B et 17-1 pour les A. Bien des années plus tard, la FFF décidera que ces deux équipes n'en faisaient qu'une et la défaite des B est donc comptabilisée dans le bilan des A.

Cette équipe B connaît son apogée dans les années 50, jouant 13 matches entre 1955 et 1957. Et pourtant, à l'époque, l'équipe de France espoirs avait vu le jour (en 1952 pour être précis).

Mais c'est cette équipe espoirs qui allait entraîner son déclin sachant qu'on avait aussi une équipe olympique à l'époque (Platini peut en témoigner puisqu'il participa aux JO de Montréal en 1976). Conséquence, l'équipe de France B ne joua plus que de façon intermittente et stoppa ses activités en 1982. Et ce fut un certain Michel Platini qui relança l'affaire lorsqu'il devint sélectionneur de l'équipe de France en 1988. L'équipe de France B sera ainsi de nouveau utilisée par intermittence avant de cesser de jouer en 2001.

L'équipe de France B critiquée

En août 2007, Raymond Domenech redonne vie à cette équipe B et essuie quelques critiques (à travers les B, les journalistes trouvaient un moyen de critiquer Domenech). Pourtant, à l'époque, Domenech ne souhaitait que tester des joueurs sans se soucier du résultat. C'est ainsi qu'il testera lors d'un Slovaquie B – France B une attaque Cissé-Trezeguet qui n'avait jamais été alignée en A. L'occasion de voir que ces deux joueurs étaient incompatibles montrant ainsi l'utilité de la chose. Sauf que Domenech se fera critiquer par des journalistes affirmant qu'ils savaient déjà avant le match que ce duo était voué à l'échec. Là, on touche au sublime, parce que ces journalistes devins sont les mêmes à avoir critiqué Domenech l'astrologue.

En 2008, la France B, affrontera le Mali à Charléty puis la RD du Congo en Espagne. Là aussi, des critiques apparaitront (notamment parce que le match contre la RDC est interrompu par une coupure de courant). Le hic, c'est que ces journalistes avaient oublié le contexte. La France souhaitait à la base jouer contre l'Angleterre B puis contre l'Espagne B (car les A jouaient contre ces deux équipes). Capello déclina l'offre en affirmant qu'il n'avait pas de réservoir (pas faux quand on voit des joueurs de D2 sélectionnés chez les Three Lions) et les Espagnols firent de même car ils s'en foutaient royalement.

L'intérêt d'une équipe de France B

Pourtant cette équipe de France B est selon moi nécessaire et même indispensable. En voici quelques raisons.

Primo et comme je l'ai dit plus haut, cela permet de faire des essais sans se soucier du résultat et sans ruiner notre indice FIFA. Voici ce que déclarait Aimé Jacquet à l'occasion d'un France B - Biélorussie, le 17 janvier 1995 avec six futurs champions du monde (Barthez, Djorkaeff, Dugarry, Leboeuf, Lizarazu et Zidane) : « J'ai besoin de voir un maximum de monde et pour moi l'équipe de France A' est peut-être celle de demain ». Il avait également ajouté : « Je préfère voir un joueur s'exprimer sur le terrain plutôt que de rester sur le banc ou de jouer vingt minutes ».

Deuxio, cela permet d'avoir un palier entre les espoirs et les A. Car bien souvent, après les espoirs, des joueurs restent à quai. Alors pour maintenir la concurrence, rien de mieux qu'une équipe de France B. C'est que disait d'ailleurs Michel Platini en 1988 : « Cette équipe doit servir à maintenir certains joueurs en état d'alerte. Ceux qui sont en moins bonnes formes, ceux sur qui on ne peut pas tirer un trait ou qui reviennent, mais aussi des jeunes que j'ai envie de voir à l'œuvre ».
Enfin, comme le disait Raymond Domenech : « Etre performant avec les A', cela peut ouvrir la porte de l'équipe de France ».

Tertio, pour éviter la fuite des talents à cause des joueurs binationaux : souvenez-vous du cas Adil Rami. Le joueur se révèle en quelques mois et subitement le Maroc se met sur les rangs. Raymond Domenech réagit illico presto en l'appelant dans le groupe France et en le faisant jouer en B, lui montrant ainsi qu'il était tout proche des A. Adil Rami est ensuite devenu titulaire en EdF, participant même à l'Euro 2012. Qui sait si, sans cette sélection, il n'aurait pas plutôt disputé les CAN 2012 et 2013 avec le Maroc ? Domenech sélectionnera ainsi de nombreux joueurs pouvant échapper aux Bleus (Benzema et Nasri avant leurs 20 ans par exemple).

La nécessaire mise en valeur de l'équipe B

Après avoir vu que cette équipe de France était nécessaire, il faut aussi la mettre en valeur afin d'éviter les critiques sur le bienfondé de cette sélection. Pour la mettre en valeur il faut organiser des matches « de prestige ». Si l'Angleterre ne peut pas constituer une équipe B, allons voir nos voisins. Dans les années 90-2000, les Belges et les Allemands répondaient favorablement à nos invitations pour des matches entre les sélections B. Ensuite, pourquoi ne pas faire des matches contre des sélections de joueurs étrangers de notre championnat ? Vu le nombre de Brésilien en Ligue 1, on a largement les moyens d'en trouver onze pour faire une équipe. D'ailleurs, faudrait voir ce qu'en pense la fédération brésilienne de foot. Parce qu'au final, un France B - Brésil B, ça aurait de la gueule !

Et si jamais les tribunes sonnent creuses, pourquoi ne pas inviter des enfants défavorisés afin de leur offrir un divertissement tout en montrant que le football n'est pas un sport véhiculant que des valeurs négatives.

Alors mercredi soir, en voyant l'équipe de France A jouer contre l'Allemagne, j'aurai une pensée pour cette équipe de France qui nous fait tant défaut. Et une prochaine fois, si vous êtes sages, on parlera de l'équipe de France C.

Pour ceux que ça intéresse : la liste de tous les matches des B.

Lundi soir, l'équipe de France était en Ukraine afin de repérer les lieux en vue de l'Euro 2012 et pour voir à l'œuvre de nouveaux joueurs.

La première mi-temps fut aussi chiante que l'ensemble du match Biélorussie-France. En deuxième mi-temps, ça ne bougeait pas trop jusqu'à l'ouverture du score par Tymoshchuk à la 53ème grâce à un Mandanda totalement à l'ouest.

Et comme contre la Biélorussie, ce but a réveillé les Bleus. La France égalisait à la 58ème par Kevin Gameiro qui inscrivait pour le coup son premier but en EdF.

Le match pouvait ronronner à nouveau mais c'était sans compter sur Marvin Martin. Entré en jeu à la 76ème minute, il a dynamité le match : il marque à la 87ème minute, tire le corner qui trouve la tête de Kaboul qui elle même trouve le chemin du but (89ème) et il s'offre ensuite un doublé (90ème+2). Alors qu'on se dirigeait vers un pénible match nul (1-1), on s'est retrouvé avec une victoire (4-1).

Pour sa première sélection, le jeune sochalien s'offre un doublé. Oui, on le sait, comme Zinedine Zidane en 1994 contre la République tchèque.

Cette large victoire ne doit pas faire oublier l'essentiel : un match insipide pendant 75 minutes.

Prochain rdv des Bleus : jeudi contre la Pologne.